Bolivie
« Qui a dit que le skateboard n’était pas fait pour les filles ? »
Danna est l’une des premières skateboardeuses de La Paz, la capitale bolivienne. Elle s’est lancée dans ce sport même si on lui disait que ce n’était pas fait pour les filles. Comme presque partout en Amérique latine, la Bolivie demeure une société très sexiste. Les violences faites aux femmes atteignent des niveaux effrayants et ont entraîné la mort de plus de 100 femmes l’année dernière. Ces violences trouvent leur origine dans la croyance selon laquelle les femmes valent moins, n’ont pas les mêmes aptitudes ni ne peuvent jouir des mêmes droits que les hommes. Danna y voit un lien évident : contrôler ce que les femmes peuvent faire ou ne pas faire constitue un premier pas vers d’autres formes de violences.
Je me souviens avoir dit à ma mère lors d’une promenade au parc quand j’étais petite : « Maman, regarde ! Je veux essayer ! » Je m’imaginais déjà sur le skateboard, faisant des figures. Ma mère estimait que ce n’était pas convenable, elle m’avait rétorqué : « Ne vois-tu pas qu’il n’y a aucune fille ici ? »
Je ne pouvais me contenter de cette réponse et quand j’ai eu 18 ans, le premier skatepark a ouvert dans ma ville. J’ai pris mon courage à deux mains et j’ai demandé aux garçons si je pouvais essayer. Je pensais qu’ils se moqueraient de moi. Mais ils m’ont prêté leur skateboard et m’ont encouragée à réaliser mon rêve.
Je n’ai rien dit à ma mère car je savais qu’elle n’approuverait pas. Quand j’ai acheté mon premier skateboard, je le cachais sous la voiture dans le garage. Je lui disais que j’allais faire du shopping avec mes amies, mais en réalité, j’allais au skatepark dès que j’en avais l’occasion.
Le skateboard m’a beaucoup appris, notamment la persévérance. On apprend à se relever après chaque chute. Pour maîtriser une figure, il faut tomber une centaine de fois peut-être !
Aujourd’hui, les skateboardeurs de La Paz sont comme une deuxième famille à mes yeux. Nous nous rendons parfois dans des villes voisines pour essayer de nouvelles rampes. Nous passons énormément de temps ensemble. Ils sont comme des frères pour moi.
D’autres filles ont rejoint le groupe de skateboard. Il y en a au moins 50 rien qu’à La Paz ! Qui a dit que le skateboard n’était pas fait pour les filles ?
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